Lorsque Dominique m’a proposé d’organiser cette randonnée en me confiant une superbe carte dont le tracé semblait déjà très prometteur, j’étais loin de m’imaginer ce que nous allions découvrir….
Ce parcours étant initialement défini pour des musculaires, je me suis dit qu’en allant avec des VAE, il fallait adapter les étapes à notre potentiel. J’ai donc pris des contacts avec les personnes qui œuvrent sur cette trace et j’ai pu ainsi obtenir quelques conseils avisés pour m’aider à définir le point de départ et confirmer mon découpage.
Pour la date, il est recommandé de se lancer une fois la neige fondue, car certains passages se font en haute altitude...Même pas peur !
En mars, lors d’une réunion des Tacmalous, organisée chez Claude, je peux présenter le projet et les volontaires se manifestent. Nous serons 6 rouleurs : Claude, Eric, Marc, Dominique, Roger et ma pomme. Comble du luxe, nous aurons la chance d’avoir Marie-Hélène comme accompagnatrice
Fort des recommandations récupérées, je propose au groupe de cibler la semaine du 10 juin, avec un départ le 11. Nous devrions être aux portes de l’été !!!
Normalement, la TransVerdon démarre du col d’Allos, mais la première étape est très courte. Aussi, considérant le potentiel de nos machines et des hommes qui les chevauchent, j’envisage de définir le départ du côté de Barcelonnette.
Mauvaise idée et mes contacts locaux me conseillent d’éviter de partir de la vallée de l’Ubbaye qui est profonde… Ils me suggèrent un start depuis le gite refuge du Laverq, qui est déjà situé à 1600m, d’altitude et sur le versant Ouest de la tête de la Sestrière (2500m), zone regroupant les sources du Verdon et qui serait notre cible pour accéder ensuite au col d’Allos.
Nous nous retrouvons donc tous au gite le 10 au soir, excités de pouvoir nous mesurer à ce parcours qui nous tend les bras, avec en prime un chaleureux soleil. En essayant de nous repérer avec les sommets alentours nous faisons l’amère constat que la neige est encore bien présente !...
Nous entendant disserter sur nos futurs exploits, notre hôte nous explique que ce que nous envisageons de faire demain est des plus périlleux, voire dangereux. La semaine précédente, des marcheurs ont dévissés sur une plaque de neige et ont fait une chute, certes sans gravité, mais ils n’étaient pas à vélo !...
La prudence recommande de changer d’itinéraire pour cette première étape !...
Nous allons donc, quitter cette vallée en repassant par Barcelonnette et faire la montée au col d’Allos en suivant les gorges du Bachelard, puis via les pistes de ski afin d’atteindre la tête de Vescal qui culmine à 2400m, afin de retrouver le tracé original !...
Nous décollons vers 9h30 et les premiers kilomètres se font sans trop de peine.
Ça se corse quand nous nous engageons sur les pistes, car très vite des névés se dressent en travers de notre route et au lieu de rouler, il faut pousser. Nous sommes déjà aux alentours de 2000M, la pente est forte, le souffle très court et il faut luter pour ne pas glisser, ainsi que pour maîtriser le vélo qui a tendance à ne pas vouloir aller ou l’on veut… la galère.
La pause de midi (13h30) se fait à la tête de Vescal. Le paysage est magnifique, les perspectives grandioses. … Rebelote après le col d’Allos. Les névés sont légions et il faut improviser à travers les alpages.
Heureusement Marco, notre guide trouve la bonne voie en suivant une crète pour franchir le sommet qui nous sépare de la descente vers Allos. Après ces efforts, il y a toujours une récompense. La vue est à 360°, c’est un régal d’immensité pour les yeux et après un passage sur un court plateau, s’enchaine une très longue descente, par de nombreux et variés singles qui sont à la fois ludiques, mais aussi une forme d’épreuve car on a laissé pas mal d’énergie dans les phases d’ascension.
L’arrivée sur Colmars est un soulagement après cette première journée éprouvante avec prêt de 6h de roulage pour 10h de sortie. 60km et 2300D+.
La deuxième journée s’annonce moins épique que la précédente. Tout d’abord une belle ascension de 800m sur 8,5km pour atteindre la piste qui va nous amener au point culminant.
Après une évolution dans une alternance de zones boisées, de talwegs parsemés de ruisseaux biens chargés et de crêtes plutôt spectaculaires.
Nous rencontrons à nouveau la neige vers 2100m, lorsque nous parvenons au plateau, des lacs du Lignin (2300m), qui est notre cible pour déjeuner. Heureusement cette fois ce sera moins compliqué à passer, même si de part les conditions du terrain nous n'arrivons pas à voir réellement les lacs, qui sont pour la plus part encore sous une épaisse couche de neige...
Nous franchissons ensuite le col, Baisse du détroit à 2472m qui paradoxalement n’a plus de neige et nous fait basculer sur un versant plus ensoleillé. La première partie de la descente est plutôt scabreuse. La trace est très étroite et le vide très attirant… certains se lancent franco et pour ma part je n’en mène pas large !
Bref nous sortons sans casse de cette zone périlleuse et nous voilà engagés dans la partie descendante qui s’avère très ludique et qui va nous amener jusqu’au gîte…
Une petite crevaison en fin de parcours permet à certains de se reposer et à d'autres de s'exercer à l'art de réparer en pleine nature... 45 mn pour venir à bout du sujet (une mèche, puis 2, puis finalement on passe à la chambre) !
Toujours autant de plaisir dans ces paysages offrant de très impressionnantes perspectives…
Nous nous régalons avec cette forme de VTT en toute liberté dans les grands espaces : 4h45 de roulage pour 8h de sortie avec 40km et 1700mD+.
La troisième journée débute avec son lot de déconvenues. Les secousses subies par la mécanique de nos machines, dans les grandes descentes engagées des jours précédents, obligent Dom à faire une opération de dernière minute sur son amortisseur pour en resserrer la fixation et dès la première montée, c’est au tour du moteur de Claude de passer du courant continu à l’alternatif, pour finalement rendre l’âme..
C’est donc réduits à 5 que finalement nous entamons cette belle journée ensoleillée.
Le paysage a radicalement changé. Nous quittons définitivement la haute montagne pour une zone intermédiaire qui offre tout de même de très belles perspectives.
Fini la neige et les pistes abruptes à monter. On évolue sur de larges chemins qui serpentent dans un décor varié qui préfigure l’avènement des gorges.
Au-delà des paysages qui changent, nous retrouvons une forme de civilisation avec la tradition d’une agriculture pastorale. Ainsi, au gré de notre périple dans les hauteurs, nous croisons sur les plateaux qui culmines aux environs de 1750m des troupeaux de chèvres menés par de bons gros patous…
Autant les ascensions sont constantes, longues mais progressives, autant les parties descendantes sont sportives et plutôt ludiques soit en sous-bois, soit dans des zones de garrigue sur un sol jonché de pierres calcaire particulièrement tranchantes.
Comme vous l’avez compris cette belle journée qui s’annonçait radieuse est placée plutôt sous le signe du chat noir…
Après une très longue descente dans les pierres et les taillis gorgés d’épines, Marc crève. Après trois tentatives infructueuses de réparation du pneu, l’option chambre à air s’impose… (bis repetita placent ) plus d’une heure de perdue !
En traversant pour la première fois le Verdon, sur un pont, Roger nous gratifie d’un saut périlleux par- dessus son guidon, trop absorbé par la beauté du site et découvrant trop tardivement que son prédécesseur, qui n’est autre que votre serviteur, a posé pied à terre sur le bord, sans prévenir 🤔🥴🙏! Heureusement plus de peur que de mal, mais quel beau chapelet de jurons… justifiés !
À nouveau Dom doit faire une intervention d’urgence sur le système d’accrochage de sa batterie qui donne des signes de laisser aller. Et pour finir c’est à mon tour de constater une crevaison lente, heureusement à seulement qques encablures de l’arrivée, ne pénalisant pas l’horrible moyenne de la journée.
Le bilan est malgré tout très positif car on s’est régalé dans les zones techniques et nous avons pleinement profité de cette belle journée en pleine nature…
Aux dernières nouvelles Claude a fini par se décider à chercher un vélo de remplacement et devrait grâce à notre hôte de St Julien sur Verdon trouver une solution auprès du directeur de l’Intersport de Dignes… ça sert parfois d’avoir le bras long 😉
Bilan : 4h50 de roulage pour une sortie de presque 8h. 60km et 1500mD+
Retour à la normale pour cette 4eme journée, sans événement notoire… 🤔 sauf peut-être que nous avons reporté l’heure du départ pour attendre Claude, parti à Dignes dès les premières lueurs du jour, en compagnie de la trop gentille Marie-Hélène, pour récupérer un vélo !…
Décollage repoussé à 10h 🤨, ce qui n’aura aucun impact sur le déroulement de la journée, mais nous permet de reconstituer le groupe.
Après avoir débuté notre périple par les sources du Verdon, en début de semaine, nous évoluons maintenant en suivant son cours qui franchit plusieurs chaînons montagneux par des gorges.
Nous quittons rapidement les abords du lac de Castillon pour une élévation de 400m sur 6km, par une piste d’entretien de la forêt qui permet de monter, au train pour la queue de peloton et offre l’opportunité de nombreux shunts plus sportifs pour les plus véloces, Marc, Roger, Eric et Claude.
Cette ascension se termine sur un superbe plateau, qui donne de belles perspectives sur le lac, ainsi que sur les contreforts des Alpes de Haute Provence, que nous quittons…
La descente sur Castellane alterne piste étroite en balcon offrant de beaux points de vue et passages très techniques par de gros pierriers bien cassants, où certains ne sont pas forcément très à l'aise quand il s'agit de franchir ces zones très techniques (si vous voyez ce que je veux dire !...).
Cette incursion dans la civilisation donne l’occasion pour Claude de nous remercier de l’avoir attendu le matin et il nous offre un petit rafraîchissement 😋👍.
Il est midi, mais nous préférons enchaîner car après ce passage au point bas du parcours (700m), il nous reste encore plus de 1000m à franchir, découpés en plusieurs ressauts, sur moins de 20km.
A nouveau nous évoluons sur des alternances de pistes forestières, de balcons vertigineux, montants ou descendants, ainsi que sur des singles très sportifs en zones boisées. Nous profitons d’un beau sous-bois pour faire la pause déjeuner.
Nous franchissons également des plateaux, riches de végétations aux tonalités Provençales et au final nous aurons roulé 4h pour une sortie de 7h
Bon rythme, malgré un départ tardif et une certaine fatigue accumulée, qui se ressent plus ou moins chez certains et tout particulièrement pour moi 😥.
C’est toujours un émerveillement face au spectacle de ces immensités que nous offre la nature, tout au long du parcours.
Bilan : 52km pour 1500mD+
Après le diner, petite récréation en mode jeu de carte pour les plus vaillants …
Dernière journée pleine…
Cette fois nous allons suivre le Verdon qui évolue au fond des gorges et comme nous visons Moustiers-Sainte-Marie, pour retrouver Marie-Hélène et déjeuner tous ensemble, il va nous falloir bien appuyer sur les pédales car la trace chemine alternativement entre crêtes, plateaux et fonds de ravins.
Dès le départ la chaleur est au rdv et certains ne peuvent s’empêcher de nous faire une petite exhibition histoire de présenter leur musculature avantageuse…
Les montées se fond autant sur des pistes forestières plutôt roulantes que sur des sentiers en balcons, par bien des égards impressionnants. Les descentes exigent adresse et attention tant le terrain est abrupte avec une nature de sol, où la pierre domine… toujours !
Bref, encore une matinée très sportive avec des franchissements où seule la solidarité permet de s'en sortir (merci Marco).
Les plateaux que nous franchissons offrent pour une dernière fois des perspectives époustouflantes, dans un décors fait d’une nature austère et sauvage.
Après une courte halte aux environs de 13h, pour retrouver Marie-Hélène et déjeuner au restaurant, nous repartons pour une après-midi au décor totalement différent.
Après avoir évolué aux abords du lac de Sainte-Croix, nous nous hissons sur le plateau des Bessons où différents types de cultures se côtoient. Quel changement d’ambiance avec une bonne partie de roulage en mode bucolique. Nous suivons toujours le Verdon qui a creusé son sillon sur ces plateaux, nous obligeant à franchir quelques ravins par des sentiers parfois très ludiques et parfois très cassants.
Encore une journée bien remplie, avec 4h50 de roulage pour une sortie de 7h30 dont une pause d’1h30 pour déjeuner au restaurant !…Bilan : 70km avec 1550mD+
En guise de conclusion, pour cette dernière étape nous évoluons le long des basses gorges du Verdon. Les perspectives sont moins grandioses, pour autant le relief est plutôt abrupte et dès le début du parcours nous nous heurtons à une belle grimpette qui nous oblige à mettre pied à terre !…
Lorsque le chemin redevient praticable, certaines manoeuvres ont pour effet de désarçonner Dom qui finit sa course en en contre bas de restanques, l'obligeant à jouer au sanglier pour nous retrouver !...
Avec cette ultime étape et pour notre entrée en basse Provence, le soleil est largement au rendez-vous.
Nous évoluons de plateaux en canyons par des chemins agréables et nous baignons dans une ambiance méditerranéenne où règne une végétation plus sèche, aux senteurs de garrigues.
De tps à autre nous avons tout de même de belles perspectives sur le dernier lac, près d’Esparron-de-Verdon.
Après 31km et 650mD+, nous parvenons paisiblement à Gréoux les Bains, ultime destination de notre périple.
Le parcours dans son entièreté avec comme bilan général : 9100mD+ sur 320km.
En conclusion de ce récit, qui j’espère ne vous aura pas trop ennuyé, cette randonné mythique a pleinement comblé nos espérances d’évasion. Riche au plan humain, elle nous a offert un vrai challenge sportif et avec ces perspectives grandioses et cette grande diversité de paysage, nous nous sommes régalés. Finalement c’était la bonne semaine, car le mauvais temps nous aura épargné, même si parfois il s’est montré très menaçant, surtout dans les zones de haute montagne.
Ultimes et chaleureux remerciement à Marie-Helene, car rien de tout ceci n’aurait été possible sans sa générosité, son engagement quotidien à assurer notre logistique et sa patience pour nous supporter tous les soirs et écouter nos palabres !
Vivement la prochaine…
Bravo les Tacmalous!!! Belle traversée!!!